Jacques Badeau
Peintre & graveur
1951-2021
Biographie
Jacques Badeau, artiste plasticien est né à Issé (Loire-Atlantique) le 14 mars 1951 et mort à Toulon (Var) le 3 avril 2021.
Il se passionne très tôt pour les arts plastiques. Il suit les enseignements de Louis Ferrand et de Paul Guimezanes aux Beaux-Arts de Nantes où il obtient son diplôme avec une spécialité gravure en 1973.
Jeune artiste, il expose à Nantes : Galeries Convergences, Michel Columb, Beaufreton et au musée des Beaux-arts. Ses recherches sont orientées par le Mouvement Supports/Surfaces, les peintres minimalistes et expressionnistes abstraits américains, la philosophie asiatique.
En 1983, changement de lieu de vie, il s’installe à Châteauvert (Var).
La nature est propice à son laboratoire et il consacre 25 ans à ses recherches autour des formes et des symboles, de l’empreinte du temps, de la nature et du vivant, du corps en mouvement, de l’ombre et de la lumière, du mystère… en croisant subtilement les techniques et les matériaux.
Une période dense : profusion de projets et de collaborations artistiques avec ses amis (films, publications, créations visuelles, décors de théâtre, voyage à Cuba).
Parallèlement, il enseigne à Nantes (La Baugerie) puis à Aix-en-Provence (E.C.V création) durant une trentaine d’années, insufflant à la fois liberté d’expression et exigence de l’apprentissage.
En 2008, nouvelle étape, il emménage dans les anciennes tanneries de Barjols (Var), transformées en atelier d’art. C’est une période plus introspective : la recherche sur l’intensité du regard et sur le deuil, la transformation, la transfiguration, la déconstruction de l’apprentissage.
expositions personnelles
- Portes ouvertes des Tanneries, Barjols à partir de 2009
- Galerie BaltHazaR, La Garde Freinet
Du 13 au 30/09/2008 – Expo : Peinture et pointes sèches
Du 21/07 au 10/08/2005 – Expo : Triptyques et Pointes sèches - Casa Museo Oswaldo Guyasamin, La Havane – Cuba en 2001
- Musée de la Chapelle du Bon Pasteur, Draguignan
Du 26/07 au 26/08/2000 – Expo : Gravures, peintures, dessins - Galerie Matarasso, Nice
Du 05 au 21/06/1998 – Expo : Diphtongue – Manière Noire Alphabet – Sur Plomb - Galerie Convergence, Nantes
En 1995 – Expo : Diphtongues et Murs - Café des Arts, Toulon
Du 15/05 au 18/06/1993 – Expo : Œuvres récentes - Galerie Lo Païs, Draguignan
Du 10/12/1991 au 18/01/1992 – Expo : Gravures et Variations - Lézard Plastique, La Garde Freinet en 1989 et 1992
- Galerie Beaufreton, Nantes en 1983
- Galerie Michel Columb, Nantes en 1975
expositions collectives
- Centre Elias, Barjols
- Musée des Comtes de Provence, Brignoles
Du 2/07 au 28/08/2010 – Expo : Sculpture/peinture avec Cahel - Musée d’Art et Histoire de Draguignan
Du 19/03/10 au 16/05/2010 – Expo : Peinture/sculpture avec Cahel - Le Zip (Zone d’intérêt poétique) – Barjols
Du 10/05 au 10/06/2008 – Expo : Vague de pensées avec Cahel - Galerie Le Garage (MDLC), Lorgues
Du 18/07 au 26/08/2007 – Expo : Estampes avec Baviera, Belvi, Debré, Frère, Henry-Biabaud, Mark, Montchamp, Privat, Velay. - Galerie Convergence, Nantes
Du 25/09 au 11/11/1999 – Expo : Abstraction 2 avec Barbançon, Bigot, Bryen, Cheval-Bertrand, Coignard, Coppel, Giardelli, Gontard, Kato, Sung-Hy, Laks, Le Bras, Le Mouel, Moreau, Cricq, Villeglé, Voss, Zorko, Bazaine, Calder, Delaunay, Friendlander, Goezt, Papart, Van Velde. - Galerie des Platanes, Montauroux
Du 4/04 au 30/04/1996 avec Hubert Garnier et Richard Herr - Espace Véga, Paris St Ouen en 1995
- 6e rencontres d’art contemporain, Nantes
En mars et avril 1995 à la Galerie Convergence avec Guy Bigot - Galerie Oz-Ekla, Paris en 1990 et 1991 (Galerie Dona Levy)
- Le Château Gibron, Correns en 1993 avec Richard Herr
- Capéou, Salernes
Du 14 au 25/04/1987 avec Richard Herr - Galerie Beaufreton, Nantes en 1984 et 1985
- Musée de Séoul, Corée en 1980
- Symposium d’art contemporain, Angoulême en 1979
- Musée de Beaux-arts, Nantes en 1976
- Maison de la culture, Saint Nazaire de 1969 à 1975
autres réalisations
- Court-métrage : Diphtongue : réalisation Jacques Badeau et Serge Clero, musique Francy Jacquot (1994 – Châteauvert – durée 12:48), acquisition par le Centre Beaubourg et diffusion lors de la 5e Biennale internationale du film sur l’Art (BIFA 1996) au Centre Beaubourg, Paris
- Reportage : Conversation, avec le peintre Günter Vossiek (2016, durée 4:40)
- Publications : textes et illustrations
- Éditions Plaine Page : le zip (2008) et le masque (2010)
- Édition du Nadir : Le corps de l’image (1980)
- Peintre-décorateur : 1907, La révolte des Vignerons / Artscénicum Théâtre (2007)
- Création du visuel du Festival Art et Vin (2000 – 2002)
- Participation au Salon de la miniature – Montélimar (1997)
- Totems, danse et musique à la petite forêt – Châteauvert (1991) avec Francy Jacquot, Richard Herr, Raquel Pavez, Jacques Ölhund, André Lauro …

DIPHTONGUE
Une évocation poétique du Vallon Sourn et des œuvres « Diphtongue » de Jacques Badeau à Châteauvert durant l’été 1994.
Un court-métrage réalisé par 3 amis … en O ! Conception et réalisation : Jacques Badeau – Musique : Francy Jacquot – Image et montage : Serge Cléro.
Durée 12:48 – 1994 – Châteauvert – France
Acquisition par le Centre Beaubourg & diffusion BIFA en 1996
CONVERSATION
entre Jacques Badeau et Günter Vossiek (2016 – Châteauvert) Un reportage réalisé au Centre d’Art Contemporain de Châteauvert en novembre 2016… pour un projet d’exposition à deux têtes.
Durée 4:45 – 2016 – Châteauvert – France
éclairages sur l’œuvre
Triptyques et pointes sèches – par Dona Levy
Secret, sacré, panneau enrichi de deux acolytes, annexes subordonnées et pourtant essentielles, le triptyque nous trouble. Pourquoi Jacques Badeau a t’il choisit d’explorer cette forme symbolique évoquant instantanément les travaux des peintres médiévaux ? Un choc à la Cathédrale d’Aix-en-Provence, devant le buisson ardent de Nicolas Froment a déclenché le mouvement, et il nous en propose une transcription contemporaine, où graphes, palimpsestes et musicalité se conjuguent en de remarquables compositions faites avant tout de peinture…


Lorsqu’il est fermé, le triptyque de Badeau est l’humilité même, le non-dit. Il est souvent gris, parfois marqué de quelques signes laissant augurer un événement. Un rai de lumière coloré le scinde en deux parties égales, mais rien n’est encore décelé… Le triptyque ne s’ouvre pas au premier venu, il choisit son interlocuteur… Est-ce à un dieu hypothétique que le peintre s’adresse, ou à ses pairs, les humains ? Et ces griffes sur les battants ouverts sont-elles sacrilège ou bien simple représentation de notre monde ? Par les portes du triptyque nous pénétrons dans une description condensée de l’époque.
Une époque grave, où l’on voit pourtant se lier aux noirs profonds les couleurs, aux couleurs les rythmes, telles des touches de piano dansant dans les turbulences.
Enfin ouvert, le triptyque nous offre sa force… Et là, quelques fleurs de sang s’éparpillent en un bouquet précieux… Là, tout miroir choisi, réfléchi, abandonné se livre. Et c’est justement parfois d’un livre qu’il s’agit, d’un livre ouvert, d’un livre d’homme, qui va opérer comme reflet de l’altérité…
Quant aux estampes numérotées 1/1, c’est l’union habile de la peinture et de la gravure : pointe sèche sur une plaque de métal, empreintes et traces de divers matériaux… Puis, vient le travail d’essuyage que l’on dit « retroussé », laissant sur la plaque un film imperceptible mais qui révèlera toute leur intensité à ces figures singulières… Apparitions, disparitions, là encore, Jacques Badeau joue sur l’entre-deux, et ses fantômes d’encre nous coupent le souffle.
Dona Levy
EXPOSITION Jacques BADEAU à la Galerie BaltHazaR – La Garde Freinet (83)
Triptyques et pointes sèches
21 juillet – 10 août 2005
Peinture et pointes sèches – par Dona Levy
Halte à ceux qui ne veulent voir dans la peinture que des éléments décoratifs pour égayer leurs murs ! La dernière série de Jacques Badeau n’est pas de cet ordre.
Elle parle du dernier tableau de Van Gogh, de cette toile peinte juste avant son suicide à Auvers-sur-Oise, « Champ de blé aux corbeaux » où l’on voit simplement une nuée d’oiseaux noirs planant au-dessus d’un champ jaune, entre chien et loup, un soir d’été.
Quelques lignes horizontales.
L’exercice auquel s’est soumis Jacques Badeau n’était pas facile. Tirer de ce tableau les lignes maîtresses, jusqu’à la corde, n’en garder que le squelette.
Aller à l’essentiel, puis, rechercher l’expression contemporaine de cette icône hautement symbolique d’une tragédie. Repérer l’épure, trouver les lignes de force et adopter le propos, le faire sien.
Rencontrer le peintre Van Gogh pour retrouver en lui non pas le geste, non pas les couleurs, mais l’homme, dans sa condition ultime, retrouver son état, son appréhension, sa profondeur. Cet homme, qui n’était qu’un pauvre humain de la fin du XIX -ème siècle, s’abandonne dans la peau et les brosses de cet autre humain qu’est Badeau, 120 ans plus tard… C’est un hommage, un héritage, un prolongement, une façon personnelle de faire revivre l’homme Van Gogh.
Et la vie reprend ses droits.

Quelques lucioles éparses, taches de couleur dans ces gris lumineux, dans ces bruns de limon et ces blancs primordiaux… Deux ailes noires s’ouvrent sur ses triptyques, formes de prédilection chez le peintre, (voir l’expo de 2005) rappelant ces corvidés qui après tout n’ont pour malheur que d’être noirs ! Ode au corbeau, transformé sous les doigts de l’artiste en oiseau par excellence, majestueux, superbe. Alors, comment fait-il, ce magicien de Badeau pour que ses tableaux issus d’une telle tragédie, comme ces oiseaux, nous transportent de joie et d’émerveillement ? Est-ce la subtilité de ses couleurs, le raffinement de ses matières, est-ce cette union de la force et de la délicatesse ?
Allez comprendre !
Dona Levy
Exposition Jacques BADEAU à la Galerie BaltHazaR – La Garde Freinet (83)
Peinture et pointes sèches
Du 13 au 30 septembre 2008
L’homme Sable – J. Badeau
LE CORPS DE L’IMAGE
L’homme sable chaud marchant vers le soleil
Préambule
Homme respirant du sable, sable-air-homme « verre » pour contenir du S.A.B.L.E, odeur sablée.
Homme remontant du sable aves ses mains d’Amour sable.
Homme à sable que l’on caresse du Regard,
Regard sans âge – lumière verte du petit matin – 7 mai. Lundi 1979
Voici un long poème qui mettra à l’épreuve la qualité de votre mimétisme… Que sommes-nous du sable ou de l’homme ? Chaque grain tombe en nous comme une pensée …
Le poème
L’homme marchand sur le sable, porté par la vague – et le sable à la vague, vagues, vagues, homme porté par le sable, sans le sable avec le sable, sable de l’homme en l’homme,
Homme versant sable sur sable les pieds humides sans risque d’électrocution
Homme courant dans le sable, sable courant vers l’homme « Dancing Fool »
Homme respirant du sable, sable-air-homme « verre » pour contenir du S.A.B.L.E.
Odeur sablée.
Homme remontant du sable avec ses mains d’amour sable.
Homme à sable que l’on caresse du regard, regard sans âge
Lumière verte du petit matin – 7 mai – lundi 1979
L’homme sable des idées vagues portées par le sable vers les montagnes planètes d’hommes.
Homme marchand de sable sans peine pour livrer son sable des hommes sans âge.
Homme sable, sable d’homme sans différence 100 pensées pour l’homme vers le sable.
Homme projetant du sable canons rayés éternuement sable.
Homme sans sable et sans homme
L’homme point sable de la création
L’homme cascadeur sable tue sa moto dans le Morbihan.
L’homme de sable riche ignorant l’homme de sable pauvre de 600 millions d’homme sans sable – faim de sable – sable fin
L’homme gouverné par le sable – très distingués ministres et cabinets ensablés – locomotion sable.
L’homme qui écoute le sable creuse un trou vers l’intérieur, n’a pas d’âge.
L’homme qui taille du sable a une mine sable.
L’homme emprunte du sable, corps sable fesses et / ou dunes et / ou vagues – siffle en l’homme
L’homme poussière de sable sans âge
HOMME
Poussière sans
Poussière sable
Poussière Age
Poussière de
L’homme virgule dans le sable.
L’homme regarde le sable, « Le sable, le regard, l’homme, partagé ».
Regarder ce qui se passe entre le sable et l’homme. Repos du sable.
L’homme parlant au sable, du sable.
La mère est arrivée pour l’enlever.
L’homme chantant au sable – sabli – sabla
Homme question sable se répand de la vague en la vague, vers la vague, vers le sable, en le sable, de l’homme en l’homme – grain – homme de tous les sables, un temps d’arrêt lune, étoiles, terre, hommes, sable de tous les instants « vivre pour le sable »
Homme sable gros à scier porte la trace
Homme dans le parcours sable, vision du paliers ensablés, je vais téléphoner
Homme restituant le sable a tout à gagner – sable de l’homme –
Homme brossant du sable est étonné de sa multiplicité – je sable notre amitié
Homme plante sable à perdu sa queue sans rien toucher – sable en vérité.
L’homme en regard du sable, miroir face au sable de vagues en vagues.
L’homme glissant sur le sable vers la vague, de la vague dans le sable vers l’homme.
Homme, sable « pas de deux »
Homme volant en sable, perte et ciment de l’âme.
Homme portant du sable chaud de
L’homme pénétrant le sable à sable question sans homme.
Homme parcouru par le sable, veine à sable. Cristallin du sable.
Homme S.A.B.L.E. homme venin sans répit, reptiles sables en sable
Homme cathédrale de sable prières vers le sable, en le sable, etc…
Homme cœur de sable en portant son sac a crevé le sac pour le sable.
Homme contant du sable, n’a pas d’âge. Sable en l’homme.
Homme écrivant du sable, sable écrivant de l’homme, sable écrivant de l’homme somme de vagues en sables vers l’homme
Jacques Badeau – Editions du Nadir – Nantes 1979
Action. Empreinte. Temps – J. Badeau
Dans la pratique « techniques, matériaux divers » de la peinture, de la gravure et de ce qui s’y rattache ma pensée gravite dans l’attente d’une réponse.
Naissance d’une interrogation permanente « comme le besoin respiratoire ».
Méditation quotidienne sur la vie dans le sens le plus large de ses structures.
Tout est involution et évolution suivant le degré de perception
(A)ction :du psychisme au physique.
(E)mpreinte : la matière enregistre.
Temps : combinaison (A) et (E)
L’action qui compose l’empreinte du support (toile, papier, bois, métal, etc) se développe sur un plan fixe dans un premier temps.
Intervient ensuite le rapport d’une partie ou découpe de l’empreinte (peinte ou gravée) dans un lieu vierge de passage.
Transfert et constitution d’une nouvelle situation hors de son lieu de naissance.
Dans l’actif de cette démarche je développe la notion de lieu (isolation) par un travail d’approche sur la forme, la couleur, la matière, le support ; J’enregistre les différents états de l’action de la pensée sur un conditionnement.
Dans ce centre la notion de passage est transformation, accouple la pensée et l’acte en rupture avec toute définitions (cycle perpétuel, investigation du lieu, empreintes).
Note : plus je renonce en chemin, plus le chemin vient à moi et réalise son revêtement ; le chemin peut-il être simplement le chemin ?
Jacques Badeau – ACTION. EMPREINTE. TEMPS
Revue du Nadir N°1 « art et littérature » Nantes 1979
A propos du documentaire Diphtongue – par Jean-Yves Moullec
Intérieur, extérieur.
L’atelier, le monde fait de minéralité intemporelle et de fugacité. Fusion du moment unique sur la toile de fond de l’éternité. Couleurs chatoyantes de la vie encadrée par le temps qui passe et a déjà commencé son œuvre. Le cadre enfin sorti de son simple rôle utilitaire pour devenir le complément-contrepoint, bogue de réalité qui enchâsse le rêve et révèle sa profusion dense.
Réconciliation de l’eau évanescente qui fuit devant le rocher immuable et de cette immobilité qu’elle caresse et fait vivre, réconciliation du trait gravé définitif et de la couleur réduite à sa fugacité temporelle. L’effaçage qui transforme les couleurs primaires en traces temporelles de leur existence ; pour prendre le temps au piège, le devancer et le figer dans l’héroïsation de l’instant qui a toujours été le poinçon de la modernité.
Constructions grises, couleur de temps qui reproduisent symboliquement la grande majuscule et les constructions qu’elle altère, scarifiées comme la peau de l’initié qui le mène à l’âge adulte, celui que le temps quadrille inexorablement, comme les marques sur le mur, témoins de la croissance et du temps qui s’écoule.
Intérieur, extérieur.
Voyage perpétuel, scandé par la main qui caresse, crée et efface pour enfanter une pièce unique puisque deux moments ne se ressemblent jamais et que l’œuvre ne peut naître que de la rencontre privilégiée du créateur et de son envie, passagère comme le temps, présente à chaque instant, souterraine, jusqu’à ce que la maturation nécessite la mise au grand jour.
Gravure et peinture réunies pour une œuvre totale, où le temps laisse sa trace, comme une érosion, comme une promesse de couleurs quand revient la végétation et l’envie de créer, de procréer, de donner la beauté en spectacle.
Œuvre en accord avec le grand mouvement extérieur, l’eau qui coule, la végétation renouvelée, la gravure renouvelée aux sources de la peinture, aux sources de la vie qui s’inscrit dans les trois couleurs primaires, celles qui ne mentent pas, celles qui traversent le temps pour crée l’infini variété des regards. Œuvre simple d’être dépouillée, parée seulement de la quête de Jacques Badeau, osmose de l’art vécu ou plutôt de la vie transfigurée par l’art.
Jean-Yves Moullec – 7 décembre 1994
A propos de Diphtongue et Murs – par Jean-Yves Moullec
La série Diphtongue joue sur les variations de timbre nées de la communion de matériaux différents. Grandes portes usées par le temps – Seuil du secret révélé ou quête amoureuse de la lumière jaillissant de sa gangue de matière ? Peinture-signe où l’émotion affleure pour adoucir la rigueur de la quête d’absolu.
Si Diphtongue abolissait les barrières entre les matériaux et les techniques dans un mariage combinatoire à l’infini, Murs estompe la frontière traditionnelle entre la peinture et la gravure. Les émotions nées de la gravure viennent résonner hors cadre, sur le papier qu’elles couvrent d’embruns colorés. Toujours ce refus d’enfermer l’art, fut-ce dans un cadre, dans une convention, dans une technique. Est-ce la gravure qui trouve son écrin dans la trace colorée, est-ce le travail du peintre qui enchâsse la gravure, comme on place un bijou fragile dans un écrin ?
« Murs » est une mémoire qui témoigne et nous renvoie à une émotion pure, restituée à l’état brut. Création si élaborée dans son dépouillement qu’elle traverse les styles…
Jean-Yves Moullec (Extraits – 1994)


